La justice en Guinée-Bissau est considérée comme la pierre angulaire de la paix entre citoyens. Cependant, le mauvais fonctionnement et la mauvaise administration du système judiciaire, combinés à des problèmes de corruption et d'impunité généralisée, ont entravé la gouvernance efficace du secteur de la justice dans le pays. Les pratiques traditionnelles ou informelles de justice sont très appréciées par la population en Guinée-Bissau et sont profondément ancrées dans les coutumes des différentes communautés qui comptent sur elles pour la résolution de nombreux conflits. Bien que ces pratiques offrent des avantages en termes de coûts et d'accessibilité physique, des recherches ont montré comment ces mécanismes de résolution des conflits affectent de manière disproportionnée les secteurs vulnérables de la population.
Le secteur de la justice en Guinée-Bissau est donc très complexe et caractérisé par une pluralité de pratiques, où le système de justice formel coexiste avec des structures informelles et traditionnelles. L'insatisfaction générale à l'égard du secteur, causée par des facteurs et des acteurs négatifs, tant dans les pratiques formelles qu'informelles, souligne la nécessité d'une amélioration. Au cours de la dernière décennie, le secteur de la justice a fait l'objet de réformes, mais le processus s'est heurté à des difficultés récurrentes dans sa mise en œuvre. Dans ce contexte, Interpeace et son partenaire local Voz di Paz ont cherché à créer de nouveaux mécanismes et capacités pour une citoyenneté active, habilitée à suivre, de même qu’évaluer et défendre des politiques publiques adéquates dans le secteur de la justice. Un point de départ essentiel a été l'établissement d'un baromètre participatif pour fournir des données crédibles, indépendantes et représentatives sur la situation dans le pays, afin de contribuer à une participation accrue des citoyens à la gouvernance locale de la justice.
The report entitled, “Sintidu di justisa” (The Sense of Justice) - Participatory barometer on the perceptions and experiences of the population: How to improve the governance of justice in Guinea-Bissau, presents the results of a research process carried out across the country between September 2018 and February 2020, engaging more than 4,250 people, including 3,400 direct interviews in 180 communities. The report highlights the main elements that make up the different dimensions of the justice sector, to better understand issues as the concept of justice, access to justice, the experience with justice proceedings, the role of citizens and the role of traditional justice mechanisms. Moreover, a gender analysis was also carried out as part of the initiative.
The overall findings of this initiative aim to provide a strong basis for structural improvements of the justice sector in Guinea Bissau. Participants described the formal justice procedures as neither sufficiently transparent nor egalitarian and identified some of the major obstacles preventing good governance in the justice sector, including corruption, limited access to justice, social and economic inequality, and a lack of trust in the judiciary system. Expressions like “Guinea-Bissau's justice is applied only to the poor” demonstrate the population's perception of the justice system – 55% of the participants think there is a lot of interference by influential people and 47% think influential people have a lot of impunity. While the fact that half of the population (54%) does not feel safe to report or testify, sheds light on real obstacles in justice practices.
Le baromètre ne montre pas seulement les défis et les faiblesses institutionnelles du système judiciaire bissau-guinéen, mais il met également en évidence les éléments du secteur judiciaire les plus pertinents pour la population. La grande majorité de la population (91 %) pense que certains conflits sont mieux résolus par la justice traditionnelle, qui est considérée comme la meilleure forme de résolution des conflits par 61 %, en raison de sa capacité de réconciliation et de sa connaissance de la réalité. En conséquence, la majorité de la population insiste sur le fait que le système judiciaire formel doit trouver des moyens de collaborer avec le système traditionnel dans la résolution des conflits. Par conséquent, les résultats du baromètre n'indiquent pas une dichotomie ou un conflit entre la justice formelle et la justice traditionnelle. Au contraire, ils signalent le besoin urgent d'un travail collaboratif et coordonné entre les deux systèmes.
En ce sens, l'étude formule également des recommandations, des solutions, des mesures et des actions essentielles pour réaliser les changements nécessaires dans le secteur de la justice afin de développer un système plus efficace et répondant aux besoins de la population.
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