Au Burundi, la production de café est un élément central de l'économie. Dans les années 1980, dans un esprit de croissance, l’État a strictement réglementé les pratiques de culture et de gestion du café. Les propriétaires de terres situées le long des routes principales étaient tenus de planter du café. S’ils ne le faisaient pas, ils pouvaient perdre leur droit d’utiliser la terre au profit d’autres producteurs de café.
Dans la zone de Rutana, deux familles se sont entendues à l'amiable pour respecter cette obligation. Pour conserver ses terres, un propriétaire foncier les a prêtées à une famille cherchant des terres agricoles pour cultiver du café et des bananes. Malheureusement, au décès du propriétaire foncier, cet accord a disparu. Ses descendants réclamèrent la restitution des terres. Les tensions étaient telles que les autorités locales ont conseillé aux deux familles d'engager une action en justice.
Pour éviter un procès coûteux, les familles ont accepté l'offre de médiateurs internes pour les aider à résoudre leur conflit. Après une longue discussion animée par ceux-ci, les enfants du propriétaire ont mieux compris l’ancienne pratique consistant à soutenir les agriculteurs manquant de terres et la nécessité de trouver une solution qui profiterait aux deux familles. Finalement, les deux parties sont parvenues à un nouvel accord. Elles ont décidé que le propriétaire récupérerait ses terres une fois que les bananes seraient prêtes à être récoltées. De plus, l’agriculteur pourrait couper les boutures de café et les replanter sur ses terres. Finalement, en signe de réconciliation, les deux familles ont célébré leur accord autour d'une bière à la banane.