Ituri: des chefs coutumiers réunis dans un dialogue pour un processus de consolidation de la paix

10 mai, 2023
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Plusieurs dizaines des chefs des chefferies et secteurs de la province de l’Ituri se sont regroupés autour d’une table fin avril dernier dans la ville de Bunia. Cette rencontre a été prévue pour développer des stratégies de réduction des violences issues de l’activisme des groupes armés dans cette partie Est de la République démocratique du Congo (RDC). Pendant deux jours, des échanges sans tabou ont été menés sur le rôle de chacun pour le rétablissement de l’autorité de l’Etat et le soutien au processus de paix dans la région. Si pour les uns la sécurité de l’Ituri doit venir de ses propres habitants pour d’autres, le moment est venu de mettre fin à l’hypocrisie et de se regarder en face pour une lutte commune.

La tâche est lourde, a reconnu sa Majesté ATINDA LOSSANI, Président du Conseil Consultatif des Chefs Coutumiers de l’Ituri (COCCI) lors de son discours. « Nous nous engageons donc à mettre en œuvre tout ce que nous avons appris durant ces deux jours au profit de la paix dans notre chère et unique province. Cependant, nous sollicitons l'appui de la hiérarchie politico- administrative, militaire, policière et judiciaire pour nous accompagner dans cette dure épreuve nécessitant les concours de tous », a-t-il souligné.

Cet appel a été soutenu par le directeur du cabinet de gouverneur militaire de l’Ituri. Pour lui, l'engagement de tous s’avère indispensable. « Nous tous nous devons nous engager pour la paix en Ituri et diffuser la paix. Diffuser cet espoir de paix pour que l'Ituri puisse retrouver la paix. Pona paix toko lemba te…, Ju ya amani hatuta choka…, pour la paix nous n’allons pas nous fatiguer … », a martelé Maître Unega Etienne.

Pour Interpeace, la paix est une priorité dans toutes les missions dévolues aux chefs coutumiers. « On règne sur la population que l’on gouverne pour que celle-ci vive en paix totale et dans une quiétude (...). Le travail de la paix, c'est un sacrifice pour les autres. Je nous invite donc à cet esprit-là de sacrifice, de service et d'abnégation pour les autres afin que nous puissions léguer un Ituri pacifié » a exhorté le chargé de programme au sein de l'organisation, Christian Vangazi.

Un message partagé par le coordonnateur provincial de la société civile/Forces vives de l'Ituri. Dieudonné Lossa invite chacun à faire une rétrospection objective, car selon lui, «sans la paix, on ne peut rien faire».

La poursuite des tueries qui font des victimes parmi les civils dans la région demeure un obstacle majeur. Ainsi, en rappelant la main tendue du Chef de l'État congolais Félix Tshisekedi Tshilombo, un message a été lancé aux groupes armés pour leur adhésion massive au processus de paix. « Nous lançons un vibrant appel à tous les groupes armés d'adhérer au programme de démobilisation, désarmement, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS) », ont insisté ces chefs coutumiers.

Ces assises ont réuni plus de 100 participants, parmi lesquels principalement les chefs des Chefferies et Secteurs des cinq territoires de l'Ituri avec la représentation de la société civile, les autorités provinciales, les administrateurs des territoires, le P-DDRCS, l'inspection provinciale de la territoriale, les Représentants des Associations culturelles, les Délégués des structures de la jeunesse, les Représentantes des Associations féminines, les ONGs membres du Consortium Médiation, Consortium cohésion sociale ainsi que d'autres acteurs-clés impliqués dans le processus de paix en Ituri. Cette discussion a eu lieu dans le cadre du projet « soutien à la médiation pour la résilience et la paix en Ituri et au Grand Nord-Kivu ». Celui-ci est mis en œuvre par le Consortium médiation composé des ONGs Interpeace, Pole Institute, Action pour la paix et la concorde (APC) et de l’Université de New-York (NYU). Pour montrer leur volonté de résultats concrets, ces chefs coutumiers ont signé un acte d’engagement et un communiqué conjoint à la clôture de ce dialogue. Celui-ci a été initié par la société civile en collaboration avec le gouvernement provincial à travers le soutien technique de l’organisation internationale de consolidation de la paix Interpeace, sous le financement de l’Union européenne.