La réadaptation et la réintégration des prisonniers restent un combat dans de nombreux pays et communautés du monde entier, y compris au Rwanda. Ces dernières années, de nombreux prisonniers, notamment ceux condamnés pour des crimes liés au génocide de 1994 contre les Tutsis, ont terminé leur peine et sont retournés dans leur communauté. La plupart des personnes reconnues coupables des crimes les plus odieux liés au génocide et condamnées à une peine de 20 à 30 ans de prison devraient être libérées dans les quatre ou cinq prochaines années. Selon les statistiques du Service correctionnel du Rwanda (RCS), ce nombre dépasse les 20’000 personnes.
Le RCS a fait des efforts remarquables au cours des dernières décennies pour améliorer le bien-être des condamnés, notamment en mettant en œuvre de nombreux programmes de réhabilitation et de réinsertion. Cependant, de graves problèmes ont persisté. Par exemple, il manquait un programme national, notamment en ce qui concerne la préparation psychosociale des détenus bientôt libérés, ainsi qu'une structure de coordination solide entre les nombreux acteurs impliqués dans le processus de réhabilitation.
On July 20, 2022, RCS and Interpeace launched a comprehensive curriculum which is a 6-month certificate programme divided into eight key modules and each module focuses on the different themes. Those modules include interpersonal skills and conflict management; physical and mental wellness; career development and entrepreneurship; drug and substances abuse education; human rights and legal awareness; family dynamics; civic education and genocide ideology, and safe return and connection with family and society. It will be implemented in all 13 prisons across the country by RCS staff members in collaboration with RCS stakeholders. The curriculum was developed with technical assistance from Interpeace as part of the European Union-funded programme "Reinforcing community capacity for social cohesion and reconciliation through Societal Trauma Healing in Bugesera District." It will serve as guiding tool to correctional officers and partners to ensure effective psychosocial rehabilitation and reintegration of inmates into their families and communities.
Des études ont montré qu'en l'absence d'un programme approprié de réadaptation et de réintégration psychosociales, les personnes libérées peuvent continuer à éprouver des sentiments d'humiliation, de dévalorisation, de culpabilité, de tristesse et une image de soi déformée, ce qui peut avoir un impact sur leur vie sociale dans la communauté. Dans la plupart des cas, les ex-détenus sont confrontés au rejet de leur famille et de leur communauté, notamment par des personnes qui ne sont pas prêtes à les recevoir en raison de leurs crimes. Ce manque de soutien de la communauté poussent certains d'entre eux à s'installer dans d'autres endroits où ils ne sont pas connus. Cette situation peut exacerber les tensions sociales en déclenchant la peur et l'anxiété, en particulier chez les survivants du génocide.
D'après les recherches de base menées avant l'élaboration de ce dispositif, les programmes existants sont essentiellement informels et ne sont pas mis en œuvre de manière uniforme dans toutes les prisons. Ils sont fournis par une série d'organisations non gouvernementales (ONG) et certaines institutions gouvernementales plutôt que par le personnel employé par le RCS. Le nouveau dispositif consolide et harmonise les initiatives et programmes existants et incorpore des éléments de bonnes pratiques pertinentes identifiées dans d'autres contextes.
Frank Kayitare, le représentant national d'Interpeace au Rwanda, a indiqué que la recherche a révélé l'urgence d'avoir une approche harmonisée de la réhabilitation et de la réintégration des prisonniers dans le cadre de la guérison des traumatismes dans le pays.
"« La réintégration des ex-prisonniers pour les crimes liés au génocide figure parmi les plus grands défis identifiés par les familles et les communautés dans l'enquête.. Les difficultés des ex-prisonniers et de leurs familles immédiates à se reconnecter suffisamment, l'aggravation de l'anxiété parmi les survivants du génocide dans les communautés où ces anciens génocidaires sont réintégrés et le défi des ex-prisonniers à s'adapter à une société fondamentalement changée à bien des égards, y compris les normes de genre et la dynamique familiale, sont parmi les principaux problèmes que ce programme est censé contribuer à résoudre »,," said Kayitare.
Le nouveau dispositif a également pris en compte l'aspect psychologique de la réhabilitation des prisonniers, qui faisait défaut dans les initiatives existantes. Par conséquent, il permettra non seulement aux détenus d'acquérir des compétences socio-émotionnelles telles que l'autogestion et la gestion des traumatismes résultant d'une longue vie en prison, mais aussi de développer des compétences professionnelles et des moyens de subsistance pour mener une vie indépendante dans la communauté après leur libération.
Lors de la validation du dispositif, le commissaire général du RCS, Alex Bahizi Kimenyi, a reconnu la valeur ajoutée du programme, qui offre une approche bien structurée et holistique pour relever les défis auxquels sont confrontés les détenus.
"« Ce curriculum nous permettra de travailler de manière bien harmonisée et coordonnée, ce qui améliorera la qualité de notre travail. Toutefois, l'adoption de ce programme n'est pas la fin du voyage, mais plutôt le début. J'appelle tous nos partenaires, y compris les donateurs, les institutions gouvernementales et les communautés, à soutenir cette initiative afin que sa mise en œuvre soit pleinement efficace ».."
Le chef de la coopération à la délégation de l'UE au Rwanda, Thibaut Moyer, apprécie le partenariat avec Interpeace qui a conduit à l'élaboration de ce programme d'études. Il réitère l'engagement de l'UE à soutenir sa mise en œuvre effective.
"« Avec les dizaines de milliers de prisonniers qui devraient être libérés dans les années à venir, l'UE a mis de côté 7 millions d'euros qui seront utilisés pour travailler avec les organisations locales, le gouvernement et d'autres parties prenantes pour assurer une transition pacifique de retour dans les communautés pour ces prisonniers et continuer à favoriser la paix au Rwanda ».."
The curriculum will contribute content to the "Halfway Home" initiative, where prisoners about to be released will be transited. From there, they will be offered opportunities to meet their respective communities and have an open discussion with family and community members. The move aims to facilitate the reestablishment of relationships, acceptance, tolerance, and trust between prisoners and community members and foster social cohesion.