La violence persistante dans certaines communautés du nord du Kenya a souvent déchiré les sociétés, avec des attaques entraînant des victimes, des dommages matériels, des blessures et des déplacements. Dans ces territoires, Interpeace et la Commission nationale de cohésion et d'intégration (NCIC) ont facilité la mise en place de structures locales de consolidation de la paix grâce auxquelles les communautés ont souvent fait preuve d'une incroyable résilience pour dépasser leurs différences et briser le cycle de ces affrontements.
À Banisa, dans le comté de Mandera, le long de la frontière entre le Kenya et l'Éthiopie, celles-ci ont utilisé les espaces de dialogue pour collaborer, gérer les conflits et réconcilier leurs différences.
« La paix ne peut être maintenue qu'au sein de ces communautés. C'est pourquoi nous mettons l'accent sur le renforcement de la résilience des espaces locaux de consolidation de la paix, afin que celles-ci puissent maintenir la paix après la fin de notre projet », explique le représentant d'Interpeace au Kenya, Hassan Ismail.
Ces mécanismes à Banisa ont été créés après la mort de 28 personnes dans une série d'attaques et de représailles qui ont également provoqué le déplacement de milliers d'autres personnes en octobre 2019. Le conflit a été résolu par une série de dialogues intercommunautaires qui se sont conclus par un accord de paix.
Les structures communautaires de consolidation de la paix sont constituées de comités de surveillance du cessez-le-feu (CMC), de groupes de travail, d'un forum des acteurs de la paix et de comités d'espace de dialogue villageois qui relient les différents corridors de conflit. Elles sont coordonnées et soutenues par les équipes locales de consolidation de la paix. Les membres du comité de cessez-le-feu travaillent avec les communautés pour désarmer les milices locales, s'assurer que les personnes déplacées rentrent chez elles, initier et faciliter le dialogue et renforcer la cohésion sociale.
« La mise en œuvre efficace des accords dépend de la façon dont nous travaillons en équipe. Malgré nos origines claniques, nous irons toujours de l'avant », a déclaré un membre du comité de surveillance du cessez-le-feu, Mohamed Yussuf.
Ses homologues et lui ont été formés à l'analyse des conflits, à la facilitation du dialogue, au partage des alertes précoces aux conflits pour une réponse rapide et à la résolution des conflits au sein de leurs communautés avant que ceux-ci ne deviennent incontrôlables. Depuis la création de ces espaces de dialogue, les actes violents de représailles ont considérablement diminué. Ces structures locales ont également répondu à six incidents violents majeurs impliquant 14 décès.
Grâce à ces espaces, la confiance a été rétablie entre certaines communautés de Mandera et la culture de la paix et de la réconciliation a été encouragée, ce qui a permis de résoudre certains problèmes structurels qui déclenchent souvent des conflits dans les communautés, sans soutien d'acteurs de paix extérieurs.