Ils sont plus de 13 millions dans 191 pays. Ils s’activent au nom de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, la plus grande « armée de volontaires » humanitaires dans le monde qui œuvrent dans les zones fragiles, rassemblée en Fédération internationale, la FICR. Face aux défis qui s’annoncent avec des conflits de plus en plus violents, le réchauffement climatique, les migrations, ces membres des différentes sociétés nationales sont en première ligne auprès des personnes dans le besoin.
L’institution veut désormais, davantage qu’auparavant, contribuer par sa réponse à augmenter à plus long terme la capacité de ces milliers de bénéficiaires de s’organiser et de surmonter les crises à venir. Pour ce faire, et avoir un impact durable, elle doit mettre ces ressources locales au centre du dispositif. Prévenir aujourd’hui pour éviter de devoir guérir demain, tous y trouvent leur intérêt. Si les communautés sont plus résilientes, les besoins humanitaires seront moins importants, le tout dans un contexte favorisant une paix durable.
De son côté, Interpeace défend et facilite depuis 25 ans le renforcement des acteurs locaux en tant qu’organisation internationale de consolidation de la paix. Or, trop longtemps, cet environnement et celui de l’humanitaire se sont côtoyés sans forcément se parler, encore moins dialoguer sur les possibilités de collaborer pour davantage de résilience des populations.
Depuis Genève, les deux institutions veulent décloisonner ces contextes et ont décidé de rassembler leurs compétences dans une déclaration d’intention signée la semaine dernière. Pour tenter de garantir une action durable pour les communautés locales, Interpeace, et son expertise dans l’appui de mécanismes inclusifs dans plus de 20 pays, et la FICR vont travailler ensemble.
Objectif affiché, les deux institutions internationales veulent évaluer les effets positifs mais aussi, parfois, les conséquences négatives, bien que non souhaitées, de l’intervention humanitaire sur ces populations. Pendant les 3 prochaines années, leur union doit permettre de mieux identifier les premiers grâce aux nouveaux instruments lancés par des acteurs comme Interpeace pour mesurer les facteurs de résilience dans une société.
Comment y arriver, au plus près des personnes affectées, pour éviter qu’une intervention à court terme ne soit plus pertinente ou pire encore contreproductive sur une période plus longue ? Interpeace va appuyer des sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge pour mieux comprendre leur mode de fonctionnement et les accompagner dans cette nouvelle ère. Une plateforme participative et interactive sera établie pour récolter les priorités et les besoins identifiés par les populations elles-mêmes. Une marque de fabrique d’Interpeace qui doit ensuite donner lieu à un baromètre.
Pour la première fois, une institution humanitaire bénéficiera de cet outil pour mieux mesurer la résilience à tous les niveaux, qu’ils soient individuel, familial, communautaire ou institutionnel. Dix pays constitueront le pilote de ce nouveau partenariat pour démarrer. Une contribution parmi celles qui rendront au moins 1 milliard de personnes plus résilientes comme l’ambitionne la FICR dans sa nouvelle stratégie. De quoi aussi pouvoir disséminer les leçons apprises par cette nouvelle approche vers d’autres institutions humanitaires et les bailleurs de fonds pour peut-être modifier l’ensemble de ces écosystèmes qui assistent les populations.